« En 1992, lorsque nous avons fondé Solidarité Sida, nous savions qu’une telle entreprise relevait de la gageure. Le sida était une maladie mortelle et nous n’étions pas prêts d’en voir la fin. Mais nous avons senti dans la jeunesse une telle volonté de ne pas baisser les bras face au fléau, un tel enthousiasme et un désir de solidarité si vaste que nous ne pouvions plus faire machine arrière. Solidarité Sida, c’est cela avant tout : l’histoire d’un engagement collectif et générationnel fondé sur l’envie d’agir et le refus de la fatalité.

Aujourd’hui, le sida est toujours cette maladie dont on ne guérit pas. Mais elle revêt en plus un caractère politique. Chez nous, en France, ce sont les plus vulnérables qui sont touchés. Au Sud, comme on dit pudiquement, c’est-à-dire en Afrique, en Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud et maintenant, même dans les pays de l’ex-bloc de l’Est, des millions de familles sont frappées de plein fouet. Nul besoin de faire un dessin : le sida, c’est la maladie du pauvre et de l’exclu. Celle qui accentue les inégalités et renforce les discriminations.

Depuis l’avènement des trithérapies, des 
populations entières en sont privées. Pendant 
que le virus poursuit son œuvre, les laboratoires 
préservent leurs intérêts et les opinions publiques relâchent leur vigilance. Notre acharnement à 
défendre l’accès aux médicaments pour tous et à lutter contre les égoïsmes ne doit en être que plus farouche.

Dans ce contexte, le rôle d’une association comme Solidarité Sida, consiste à faire confiance à une jeunesse toujours prompte à aider ceux qui en ont besoin, à prévenir ses pairs ou à dénoncer les injustices. Mais aussi à travailler main dans la main avec les acteurs de terrain, ici et là-bas, pour briser la logique de l’inéluctable. Plus qu’une mission, un engagement porteur d’espoir.

Voilà près de 30 ans que de Paris à Ouagadougou, de Bombay à Brasilia, en passant par Saint-Pétersbourg et Port-au-Prince, bénévoles et militants s’engagent avec une détermination sans faille, des bénévoles et militants sans lesquels les simples notions d’espoir et de solidarité resteraient des termes désincarnés.

Voilà près de 30 ans qu’avec eux, Solidarité Sida soutient des hommes et des femmes en première ligne d’une guerre que pas un d’entre eux n’imagine perdue. 30 ans d’amitié tissée dans l’échange et l’adversité, avec l’unique objectif d’être utile à ceux qui souffrent.

À eux tous, nous voudrions redire notre fierté de travailler à leurs côtés. Merci à eux, merci aussi aux centaines de milliers d’anonymes et aux nombreux partenaires qui ont aidé à rendre notre action possible. Ensemble, nous avons contribué à transformer un combat perdu d’avance en une espérance qui l’emporte sur la résignation. Ce n’est pas le plus anodin de nos succès.

Antoine de Caunes et Luc Barruet
Président d’honneur et Directeur-fondateur